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ENTRE LES LIGNES : L’ÉVOLUTION ET L’IMPORTANCE DU MÉCHANT AU TENNIS

Bienvenue à la première édition d’Entre les lignes, une chronique hebdomadaire que j’écrirai pour l’Omnium Banque Nationale et dans laquelle je vous présenterai des nouvelles et des sujets d’actualité du monde du tennis masculin.

Le tennis est considéré comme un sport d’étiquette et de tradition. Comparé à d’autres sports, le tennis semble être l’une des disciplines les plus sophistiquées. Contrairement au football et au hockey, il n’y a pas de contact, pas de plongeon sur le terrain pour essayer d’obtenir un coup de pied de réparation comme au soccer, et il n’y a pas de fautes comme au basketball. De plus, la plupart du temps, les joueurs ne se lancent pas des insultes même s’ils sont très compétitifs.

Il y a évidemment quelques exceptions qui peuvent pimenter les choses de temps en temps. Même Roger Federer a déjà lâché quelques jurons sur le court, ici, à Toronto ! Il nous arrive tous d’avoir de mauvaises journées, n’est-ce pas ? Les tensions entre les adversaires sont inévitables quand ils sont là à se dévisager de part et d’autre du filet.

Dans un monde idéal, tous les joueurs s’entendraient à merveille, mais ce n’est pas le cas et ces moments ajoutent un peu de drame pour les spectateurs. D’une certaine manière, cela rend même les athlètes professionnels plus humains quand on les voit craquer sur le terrain.

J’ai assisté à la fin des illustres carrières de Jimmy Connors et de John McEnroe. Mon père peut témoigner des crises de colère que je piquais sur le court de tennis et j’aimais en attribuer la responsabilité à ces deux légendes !

À cette époque, le tennis semblait avoir un peu plus de personnalité et de sens du spectacle. La dimension théâtrale ne convenait toutefois pas à tout le monde et certains joueurs préféraient laisser parler leur raquette, comme Ivan Lendl et Pete Sampras, par exemple. Mais des Connors et des McEnroe jouaient avec une telle fougue qu’il leur était impossible de la contenir. Ils s’épanouissaient en laissant aller leurs émotions.

Je me suis entretenu avec Connors sur ce sujet à Match Point Canada et voici ce qu’il avait à dire sur la façon dont ce genre de comportement peut aider à développer le sport :

« Le tennis n’a plus de personnalité et il semble que ce soit presque à dessein. Je regarde en arrière et je parle du “Far West” — nous marchions sur un fil. Sommes-nous tombés ? Bien sûr. Mais c’est ce qui a attiré un autre genre d’amateurs. Le tennis a attiré des amateurs de hockey, de baseball et de football. »

Au temps du Far West, il y avait des héros et des méchants. Le tennis a toujours eu les deux et même si les méchants semblent de plus en plus rares, le sport a toujours besoin de joueurs pour remplir ce rôle.

Quels sont les prérequis pour le rôle du méchant au tennis ? Voici ceux qui, selon moi, sont incontournables :

  • Argumenter avec le joueur adverse
  • Défier l’arbitre de chaise
  • Être capricieux avec les médias
  • Avoir une relation amour/haine avec le public
  • Avoir une relation amour/haine avec son équipe d’entraîneurs
  • Détruire une raquette de temps en temps

Puisque Connors et McEnroe ont pris leur retraite il y a belle lurette, regardons quels joueurs d’aujourd’hui pourraient cocher plusieurs cases de cette liste.

C’est sûr qu’il faut commencer par Nick Kyrgios. L’Australien, qui est en convalescence depuis le début de l’année, est une figure polarisante du tennis masculin. Son jeu est électrique et son talent est immense, comme en témoignent ses victoires aux dépens de Djokovic, de Federer et de Nadal. Pourtant, combien de fois voit-on le vrai Kyrgios sur le terrain ? L’Australien baisse souvent les bras dans les moments difficiles, se laisse distraire par le public et manque généralement de respect envers les médias et les autres joueurs. Pour l’instant, son statut de méchant numéro 1 de l’ATP est plutôt bien assuré.

Daniil Medvedev a véritablement soumis sa candidature au titre de méchant du tennis lors des Internationaux des États-Unis de 2019. Ses pitreries étaient principalement axées sur le rapport glacial qu’il entretenait avec la foule new-yorkaise et il s’en est servi pour se frayer un chemin jusqu’en finale. Medvedev semble être un méchant enjoué, qui se rend compte que ce n’est qu’un jeu et que cela peut parfois l’aider à réussir sur le court. Plus récemment, il a eu maille à partir avec Alexander Zverev, qui l’a accusé de conduite antisportive à Monte-Carlo.

En réponse aux allégations de Zverev, Medvedev a répliqué : « Sascha vit dans son propre monde… Quand il dit que quelqu’un n’a pas un bon esprit sportif, on se dit “D’accord, super. regarde-toi dans le miroir” ».

Holger Rune est peut-être un nouveau venu sur le circuit, mais il a déjà réussi à se faire étiqueter comme un méchant potentiel. Appelons-le un « méchant en herbe », peut-être ? L’automne dernier, à Paris, le vétéran Stan Wawrinka n’appréciait pas le manque de maturité de Rune. Dernièrement, à Indian Wells, les deux hommes se sont donné une poignée de main glaciale après la victoire de Wawrinka dans un duel très tendu.

Ce ne sont là que quelques-uns des candidats évidents pouvant prétendre au statut de méchant de l’ATP. Qu’on les aime ou qu’on les déteste, ils font parler d’eux et ajoutent du piquant à un match. Dans une de mes récentes publications sur Twitter, je vous demandais votre avis sur les méchants du tennis. Zverev a obtenu quelques votes, Rune aussi et même Patrick Mouratoglou, l’ancien entraîneur de Rune, a été mentionné par un amateur, comme quoi le statut de méchant ne se limite pas aux joueurs.

Alors, selon vous, qui pourrait faire partie de la liste des méchants de l’ATP en ce moment ? N’hésitez pas à me répondre sur Twitter !