Au cours des vingt dernières années, peu de joueurs ont eu la chance de souler la Coupe des Mousquetaires, car Rafael Nadal l’a remportée 14 fois. Seuls Roger Federer, Stan Wawrinka et Novak Djokovic ont réussi à conquérir les grands honneurs depuis le premier triomphe de Nadal en 2005.
Au moment où j’écris ce carnet, nous approchons rapidement de la fin d’une autre saison passionnante sur terre battue avec la conclusion de Roland-Garros. Un joueur sera sacré champion, tandis que 127 autres quitteront Paris déçus.
Cette semaine, j’aimerais parler de ceux qui n’y sont jamais parvenus. Certains joueurs talentueux ont gagné ailleurs sur la terre battue et d’autres ont gagné d’autres titres majeurs, mais pour une raison quelconque, ils n’ont pas réussi à Paris. Voici quelques-uns de ceux qui m’ont le plus marqué.
Avant le « Big 3 » du tennis masculin, Pete Sampras régnait en maître sur les tournois du Grand Chelem avec 14 titres à son actif : 7 à Wimbledon, 5 à Flushing Meadows et 2 à Melbourne. Mais Pistol Pete n’a jamais triomphé à Paris. Son puissant service, ses volées impeccables (deux coups souvent exécutés l’un après l’autre) et son formidable coup droit ne faisaient pas autant de ravages sur la terre battue que sur le ciment ou le gazon.
Sa meilleure performance à Roland-Garros a été une demi-finale en 1996 lors de laquelle il s’est incliné face au futur champion Yevgeny Kafelnikov. Sampras a bien remporté quelques tournois et la Coupe Davis sur l’argile, mais il n’a jamais eu le même déclic à Paris.
L’Allemand Boris Becker est un autre grand joueur de mon enfance. Ses trois finales consécutives à Wimbledon contre Stefan Edberg de 1988 à 1990 font partie de mes plus beaux souvenirs. Il a terminé sa carrière avec six titres majeurs.
Aucun n’a toutefois été obtenu à la Porte d’Auteuil. Qui plus est, de ses 49 titres, aucun n’a été gagné sur la terre battue. Boom Boom a participé à six finales sur l’argile, notamment à Gstaad, en 1998. Mais à Paris, son meilleur résultat est une demi-finale (1987, 1989 et 1991.
Dans son autobiographie, Sans filet, Becker raconte ainsi les défis qu’il a relevés à Roland-Garros :
« “Paris est une fête”, écrivait Hemingway. Mais pour moi, Paris a toujours été un problème. J’ai gagné trois fois en salle à Bercy, mais je n’ai jamais remporté l’épreuve parisienne du Grand Chelem. J’y ai atteint la demi-finale trois fois sur une surface où mon principal adversaire était toujours moi-même. »
Robin Soderling a perdu deux fois une finale à Roland-Garros et, même s’il n’a pas eu une carrière aussi glorieuse que les joueurs mentionnés plus tôt, le Suédois mérite de figurer dans ce carnet, au moins pour sa victoire surprenante aux dépens de Nadal en huitièmes de finale, en 2009. En finale, cette année-là, il est tombé aux mains de Federer dans ce qui sera le seul triomphe du Suisse à la Porte d’Auteuil. Soderling retournera en finale l’année suivante, mais laissera Nadal prendre sa revanche.
Question d’inclure un joueur actif dans la liste, Sir Andy Murray a connu du succès dans les tournois du Grand Chelem, mais pas à Paris. Même si Murray m’a « que » trois titres à son palmarès, il a atteint la finale d’un tournoi majeur à huit autres reprises, dont une fois à Roland-Garros en 2016 où il a plié l’échine face à Djokovic.
On n’a sans doute pas accordé suffisamment de crédit à la carrière de Murray au vu de son ratio victoires/défaites en finales de tournois du Grand Chelem, mais je pense que l’on peut mettre ça sur le compte du fait qu’il a évolué dans la période sans doute la plus difficile du tennis masculin. J’ai l’impression que tous ceux qui ont gagné un majeur pendant l’ère du Big 3 devraient voir leur total multiplié par 2 ou 3 ! Sur les huit défaites de Murray en finale, cinq l’ont été contre Djokovic et trois contre Federer.
Qui figure sur votre liste de joueurs talentueux qui n’ont jamais triomphé à Roland-Garros ? J’aurais pu remonter un peu plus loin et mentionner John McEnroe et Jimmy Connors, mais j’ai essayé de m’en tenir à une époque un peu plus récente. N’hésitez pas à me faire part de votre liste sur Twitter, je suis sûr que j’en oublie des bons ! Peut-être que cette année nous aurons droit à un premier vainqueur, et les chances sont bonnes, car Djokovic est le seul ancien champion encore en lice.
Je vous souhaite une bonne fin de saison sur terre battue. La semaine prochaine, je commencerai à vous préparer pour l’Omnium Banque Nationale de Toronto !
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