Lorsque Valérie Tétreault est devenue directrice de l’Omnium Banque Nationale, en 2022, elle se joignait à une impressionnante cohorte de femmes et d’hommes qui dirigent des tournois de tennis après avoir connu une carrière professionnelle.
On a noté le passage de la célèbre Kim Clijsters, comme patronne du tournoi d’Anvers, en Belgique, tout comme la présence, plus récente, de James Blake, comme directeur à Miami. En avril, ce sont les visages de l’Espagnol Feliciano Lopez (Madrid) et de l’Allemande Anke Huber (Stuttgart) qui reviennent dans l’actualité.
Le Grand Prix Porsche, dans la ville où fut fondée l’entreprise du même nom, est un tournoi WTA 500 qui marque le début de la saison sur terre battue chez les femmes. Un peu l’équivalent du Masters 1000 de Monte-Carlo chez les hommes.

Huber est donc bien installée dans cette épreuve commanditée par le célèbre manufacturier automobile, qui se déroule dans l’amphithéâtre qui porte le même nom et qui attribue à la gagnante une rutilante voiture de cette marque.

SUCCÉDER À STEFFI GRAF…
Anke Huber était la meilleure joueuse allemande de son époque.
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Elle était à son sommet au milieu des années 1990 quand elle a atteint la finale des championnats de fin de saison de la WTA, en 1995, puis la finale des Internationaux d’Australie, quelques mois plus tard, en 1996. Elle devait se hisser au quatrième rang mondial en octobre de cette année-là.
Huber compte 12 titres de simple et un de double.

Malgré sa réussite, elle aura toujours eu de grandes attentes à combler, succédant à l’immense Steffi Graf comme joueuse numéro un d’Allemagne.
Mais ce que Graf n’a jamais réussi, c’est de remporter le tournoi de Stuttgart. Huber, de son côté, y a triomphé à deux reprises, à la grande joie de ses compatriotes. C’était en 1991 et en 1994, respectivement contre Martina Navratilova et Mary Pierce.

Contrairement à plusieurs anciennes joueuses ou anciens joueurs, elle n’a jamais été intéressée à devenir entraîneuse, préférant rester loin de « tout ce cirque », sans allusion péjorative au sport ou au circuit. Pour elle, il était hors de question de se remettre à parcourir le monde à l’année, mais elle s’est toujours dite prête à aider ou conseiller des athlètes, au besoin.
Sur l’émergence d’une future vedette allemande, elle était plutôt inquiète lorsqu’elle s’est confiée au magazine TennisWorldUSA, en 2020. « Quand des joueuses comme Angelique Kerber, Andrea Petkovic ou Julia Goerges seront à la retraite, nous devrons probablement nous préparer pour une longue traversée du désert. Mais je ne veux pas paraître trop pessimiste puisque, souvent, les choses peuvent changer rapidement et une joueuse qui n’était pas sur le radar peut émerger subitement. »
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Cette joueuse pourrait se nommer Jule Niemeier ou Eva Lys, les seules athlètes de moins de 23 ans à figurer dans le Top 200.
Niemeier, 23 ans, est présentement 65e au classement, tandis que Lys, 21 ans, pointe au 112e échelon. Si Niemeier fait du sur place depuis un an, Lys a tout de même fait un bon de 210 positions depuis l’an dernier, ce qui démontre une progression impressionnante.
STUTTGART, UN INCONTOURNABLE
Telle une équipe de double gagnante, Anke Huber travaille en compagnie de Markus Gunthardt, le directeur du tournoi.

Les deux compères peuvent s’enorgueillir de la qualité de cette compétition à laquelle les meilleures joueuses de la planète se donnent rendez-vous annuellement. Le sentiment de bien-être qui doit habiter chaque participante est d’ailleurs au cœur de la mission que s’est donnée Huber.
« Chaque joueuse, peu importe qu’elle soit numéro un ou numéro 50, est importante. Au fil des ans, j’ai développé de bons contacts avec la plupart d’entre elles. Je n’ai pas à convaincre les joueuses qui sont déjà passées par ici, quant aux qualités de notre tournoi. Le sentiment de bien-être est un facteur important, aussi. Elles résident à l’hôtel qui se trouve à côté de l’amphithéâtre et peuvent se rendre aux entraînements ou aux matchs à pied. Pour plusieurs joueuses, Stuttgart est un incontournable dans la planification de leur saison », conclut Huber avec fierté.
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Inversement, on comprendra que les athlètes sont toujours ravies de constater que le tournoi auquel elles participent est dirigé par une personne qui a vécu leur quotidien.
On peut donc imaginer que lorsque les joueuses de la WTA passeront par Montréal au début du mois d’août prochain, elles auront en tête que la directrice Valérie Tétreault a déjà vécu ce qu’elles vivent. Et elles auront cette assurance qu’elle les comprend.

Sans oublier que ses nombreuses années passées aux communications de l’Omnium Banque Nationale avaient permis à Mme Tétreault de nouer de solides liens avec les joueuses de la WTA.
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Voici une liste, non exhaustive, d’athlètes ayant embrassé – actuellement ou dans le passé – le rôle de direction de tournoi après leur carrière sur les courts.
WTA
Kim Clijsters : Anvers
Anke Huber : Stuttgart
Amélie Mauresmo : Paris (Roland-Garros)
Valérie Tétreault : Montréal
ATP
James Blake : Miami
Tommy Haas : Indian Wells
Feliciano Lopez : Madrid
Richard Krajicek : Rotterdam
Dick Norman : Anvers
Robin Soderling : Stockholm
UNE DIRECTRICE EN FORME
Concluons cette édition du blogue en rappelant une anecdote savoureuse concernant Kim Clijsters lors de son mandat de directrice, en 2015, à Anvers.
Quelques minutes avant la finale, l’Espagnole Carla Suarez Navarro doit déclarer forfait. Pour éviter de renvoyer le public à la maison et en l’absence des deux demi-finalistes perdantes de la veille, on a organisé une manche de démonstration avec l’autre finaliste, Andrea Petkovic et la patronne elle-même, plusieurs fois titrée en tournois du Grand Chelem.

Et les spectateurs n’ont pas été déçus.
On a mis fin au match alors que Kim Clijsters était au service et qu’elle menait 5-3. Bien sûr, ce résultat pouvait sembler surprenant puisque Petkovic était une joueuse régulière. Mais de l’autre côté du filet, ce n’était pas n’importe quelle directrice de tournoi… mais bien une athlète exceptionnelle.
