L’édition 2023 de l’Omnium Banque Nationale (OBN) a établi un record d’assistance pour ses 10 jours d’activités avec un total de près de 219 000 spectateurs.
Puisque l’édition de Montréal accumule ces records d’assistance régulièrement, on pourrait presque parler de nouvelle banale, mais pour l’organisation, c’est chaque fois le signe d’une mission accomplie et un signe de grande fierté.
Par ailleurs, ce tournoi était le premier à ce poste pour la nouvelle directrice de l’OBN, Valérie Tétreault. Celle qui a succédé au vétéran Eugène Lapierre, l’automne dernier, ne partait pas de trop loin, mais suivre un leader et le fait d’en devenir une, ce n’est pas tout à fait pareil.
Elle était heureuse, au nom de son équipe, de commenter ce record pour une édition féminine de l’OBN, dès sa première année en poste.
« L’ancien record était de 182 000 spectateurs, en 2014, l’année ou Eugenie Bouchard revenait de sa finale à Wimbledon. Cette année, c’est près de 219 000 personnes. Nous voulions promouvoir le tennis féminin et les spectateurs ont répondu présents. 61.000 amateurs sont venus pendant le Week-end de la Famille, le premier week-end. Nous voulions que notre tournoi soit accessible ces deux jours, et certaines familles ont découvert le tennis à cette occasion. »
Et il n’y avait pas que les spectateurs qui étaient ravis. Les vedettes l’étaient tout autant ajoutait Tétreault. « Les joueuses étaient très contentes. Nous avons reçu de nombreux messages de leur part disant qu’elles avaient apprécié ce week-end et s’étaient senties très bien accueillies, pas seulement pas nos équipes, mais aussi par le public. Sabalenka disait qu’elle n’avait jamais vu un accueil aussi chaleureux nulle part ailleurs dans le monde. C’est la signature de notre tournoi et c’est aussi la fierté de notre tournoi. »
Et pour ce qui est de son baptême, c’en fut un vrai, littéralement, si on considère qu’elle et son équipe ont dû se battre avec une météo plus qu’instable et de nombreux retards, reports et autres inconvénients du genre touchant tant les amateurs que les joueuses de la WTA.
Des bénévoles de longue date qualifiaient même cette édition d’une des plus difficiles quant aux bouleversements dus au temps pluvieux. Mais comme Valérie a côtoyé son prédécesseur pendant plusieurs années, ces impondérables n’étaient pas nouveaux pour elle.
Et, en traversant ces petites tempêtes logistiques dès sa première année à la barre du navire, elle parlait même d’éléments négatifs transformés en bilan positif.
« Oui, c’était peut-être positif, parce que maintenant je suis préparée à tout pour la suite. Avant-hier la Superviseure de la WTA m’a dit “après ça, ce sera du gâteau” !! », a déclaré Tétreault, sourire en coin. Quand vous entendez ça de la part d’une superviseure qui voyage partout dans le monde pour aller à différents tournois, vous comprenez que ce qui s’est passé cette semaine était vraiment particulier et inhabituel. Je pense que cela peut se reproduire avec le changement climatique. L’été a été très mauvais cette année, on risque de le vivre encore d’autres fois. »
Et sans attendre, elle a ajouté avec un clin d’œil… « Et de nouveau, on parle du toit. Dès qu’il pleut, on reparle du toit. »
Valérie Tétreault a tellement souvent entendu son prédécesseur Eugène Lapierre répondre à la même question qu’elle n’a pas eue à faire un long résumé. Oui, Tennis Canada voudrait un toit et les discussions allaient bon train avant la pandémie… cette catastrophe pour l’humanité qui a mis le sport mondial sur pause, incluant une édition complète de l’OBN… entraînant les difficultés financières que T.C. a dû traverser pour se refaire une santé financière et revoir ses priorités à court terme.
Maintenant, de retour à la normale, cette quête peut reprendre. Et, compte tenu de ces changements climatiques évidents, auxquels elle faisait allusion, ce projet tombe sous le sens.
« Pour l’instant, le toit n’est pas obligatoire, mais on voit de plus en plus de tournois, pas seulement les grands chelems, mais aussi les 1000, comme le nôtre, avoir des toits. C’est une pression sur notre tournoi », avoue-t-elle sans détour. Ce n’est pour l’instant pas obligatoire, mais cela pourrait l’être dans cinq ou dix ans. Si on attend que ce soit obligatoire, il sera trop tard pour commencer à en parler.
Et puisqu’il est question du toit, elle a englobé le stade aussi. « Ce stade est vieillissant, il a été construit en 1996. Nous devons réfléchir à tout ça et commencer les discussions au sujet du toit bien avant qu’il devienne la norme. »
En terminant, la nouvelle directrice a parlé de ses coups de cœur.
« Parmi les beaux moments, je dirais que c’était la victoire de Leylah contre Haddad Maia, 12e mondiale, vu l’ambiance sur le court central. Le match terminé, quatre minutes plus tard, j’ai reçu un texto d’Eugène disant qu’il était content pour moi, ça m’a réchauffé le cœur », se rappelait-elle avec émotion.
« Il y a eu aussi la cérémonie pour Eugène sur le court central hier. Les gens étaient encore là en dépit de la pluie et il a partagé un beau témoignage. C’était important pour nous de le faire. Il y avait peut-être la fatigue, mais j’avoue que j’ai eu la larme à l’œil sur le court. »
L’OBN 2023 EN QUELQUES PHOTOS
Après 10 jours de programmation, de matchs et d’émotions, voici une sélection des quelques moments qui auront marqué l’édition 2023 de l’OBN
Je commence avec le choix du site pour le tirage au sort. Pour la deuxième année de suite, TC a tenu cet événement dans le Cathcart, au centre-ville de Montréal, et doté d’un plafond de verre en direction duquel tous les regards (athlètes, journalistes et invités) se tournent lorsqu’on y pénètre.
La vétérane tchèque Petra Kvitova devrait se voir attribuer le prochain Prix Karen Krantzcke pour récompenser l’esprit sportif en WTA. La joueuse de 33 ans fut rapide et efficace quand elle est venue au secours de Belinda Bencic quand cette dernière s’est blessée à la cheville, le 11 août. Sa rapide intervention, avant que la thérapeute n’accède au court no. 2 (Rogers), a permis à Bencic de récupérer. Quand on sait que la Suissesse a remporté ce match, on n’en est que plus admiratif encore.
L’OBN a flirté avec toutes sortes de records, également, lors de la soirée du 11 août - ET la nuit du 12 août - quand le match gagné par Elena Rybakina aux dépens de Daria Kasatkina s’est terminé à 2h53 du matin, après une bagarre de 3 heures et 27 minutes, devant quelques centaines de personnes, toujours présentes.
Leylah Fernandez est la Canadienne qui aura fait vivre les plus grandes émotions de la semaine. Mais il ne faudra pas oublier cette jeune joueuse de la relève qui a failli surprendre une joueuse du Top 50 (Alycia Parks) en qualifications. L’Ontarienne Marina Stakusic, 18 ans, s’est reprise dans le double en accédant aux huitièmes de finale du tableau principal, en compagnie de Carol Zhao.
Une autre Canadienne, Bianca Andreescu, n’aura peut-être pas connu le tournoi escompté, mais sa croisade pour la santé mentale suscite notre admiration. Sa disponibilité, pour les spectateurs sur le site, s’est traduite par une belle affluence, lors du week-end de la famille, alors qu’elle dédicaçait son livre Bibi’s got game.
Si certaines séances pluvieuses ne passeront pas à l’histoire, personne n’oubliera cet incroyable arc-en-ciel, le mercredi 9 août, alors que les rayons du soleil couchant, sortis de leur cachette nuageuse, dévoilaient au-dessus du stade, cette œuvre inoubliable.