Anastasija Sevastova ne jouera peut-être plus très longtemps au tennis, alors elle veut profiter au maximum de chaque instant.
La Lettone a incontestablement fait bonne impression vendredi après-midi lors du troisième tour de l’Omnium Banque Nationale présenté par Rogers, en battant la double championne en titre, Jessica Pegula, en des comptes de 3-6, 6-4 et 6-1.
La joueuse de 35 ans a comblé un déficit d’une manche et un bris pour signer son premier gain en cinq ans aux dépens d’une adversaire du Top 10.
Compte tenu de son classement (386e), force est de constater que, sur le papier, ce fut une énorme surprise. Cependant, Sevastova n’est pas une inconnue qui aurait simplement disputé le match de sa vie.
Elle a déjà figuré régulièrement dans le Top 20 et a atteint le carré d’as des Internationaux des États-Unis les demi-finales des Internationaux des États-Unis. Elle possède un jeu atypique, basé sur la finesse plutôt que sur une puissance écrasante.
Sa dernière victoire contre une joueuse du Top 10 ? Elle l’a remportée contre Serena Williams à la Coupe Billie Jean King. La légendaire Williams n’avait auparavant jamais perdu en simple dans cette compétition.
Et avant cela, elle avait eu raison de Naomi Osaka, sa prochaine adversaire à Montréal, à Pékin en 2018.
« C’est un peu irréel, a confié Sevastova aux journalistes. Je ne pensais pas gagner ce match. Je voulais juste rester sur le court le plus longtemps possible. J’ai vraiment bien joué à la troisième manche, je n’ai commis aucune erreur et ça a été la clé.
« Je l’ai embêtée et elle a dû essayer beaucoup de choses qu’elle n’aime pas. »
Les statistiques le confirment. Pegula a commis 63 fautes directes, un record personnel cette saison.
L’Américaine, qui a une tonne de points à défendre dans les semaines à venir, a désormais perdu trois de ses quatre derniers matchs.
« Je ne joue pas vraiment bien ces temps-ci, a admis Pegula. Parfois, c’est le cas, mais je ne suis pas constante, un peu négligente, ce que je n’aime pas. Cela me dérange vraiment. Je suis plutôt perfectionniste, donc je n’aime pas avoir à dire cela. »
« J’ai l’impression d’avoir traversé des phases dans ma carrière, quelques tournois, où je ressens parfois cela, et il faut trouver comment s’en sortir sans s’apitoyer sur son sort ou trouver des excuses. Je dois trouver la solution. »
Mais revenons à Sevastova, qui s’est déchiré le ligament croisé antérieur en mars 2024, alors qu’elle effectuait un retour après avoir donné naissance à sa fille Alexandra. Elle a subi une première opération, puis une autre en janvier dernier, et n’a repris la compétition qu’en avril.
« C’est difficile, mais je pense que je suis une battante sur le court, a mentionné Sevastova. Je ne voulais pas abandonner. Je pense que ce fut mon retour le plus difficile. Revenir après avoir eu un bébé, ça va. Il faut du temps, mais on prend son temps et on se remet en forme petit à petit.
« Mais ici, j’ai un enfant et j’ai un genou qui n’est pas parfait. Ça va, mais il y a des jours où je ne me sens pas bien. »
Malgré le résultat de vendredi, Sevastova ne sait toujours pas si elle continuera à jouer après les Internationaux des États-Unis. Elle aime la vie familiale en Autriche avec son mari (qui est également son entraîneur) et leur chien.
« Je suis déjà à une étape de ma carrière où j’aime être à la maison et je n’aime pas voyager chaque semaine, a-t-elle ajouté. Pour être bien classée, tu dois voyager et jouer chaque semaine. Mais ce n’est pas ce que je vais faire. »
Sa fille est avec elle à Montréal, mais n’assiste pas à ses matchs.
Photo: Mathieu Bélanger