« Le travail finit toujours par payer ». Ces paroles d’un Alexei Popyrin qui contenait à peine sa joie résument très bien le sentiment qui l’animait après sa victoire de 7-6 (0) et 6-3 sur l’Américain Sebastian Korda, samedi soit, en demi-finale de l’Omnium Banque Nationale présenté par Rogers.
Tout semblait réunir les adversaires, sauf leur classement. Âgés tous les deux de 24 ans, ce sont des géants de 1,96 m (6 pi 5 po). Au cours de leur carrière, ils ont remporté deux titres ATP chacun et tentent par tous les moyens de rejoindre le groupe des leaders de l’ATP.
En revanche, Korda occupe le 18e rang, tandis que l’Australien croupit à la 62e place. Cet inconfort ne durera pas, car la finale du tournoi lui permettra de grimper au 30e rang et, s’il remporte le match ultime, il sera 23e, un rang nettement plus conforme à ses qualités de travailleur.
Deux jeux font la différence
Le match, qui a duré 1 h 32 min, s’est décidé sur deux jeux consécutifs, ce qui arrive parfois. Après une première manche chancelante marquée de services brisés et de reprises, les joueurs se sont retrouvés au jeu décisif. L’Australien n’a pas concédé le moindre point à Korda pour le détruire 7 à 0 et se donner une confiance qui ne l’a plus quitté.
Au premier jeu de la manche suivante, Popyrin s’est empressé de briser le service de l’Américain grâce à une balle qui a roulé sur le filet avant de retomber en jeu.
L’Australien n’a plus jamais regardé en arrière et s’est même payé un bris de service décisif à 5-3. Les jeux étaient faits.
Korda et Popyrin se sont affrontés 2 fois dans leur carrière et chacun revendique une victoire.
Au cours de la rencontre de dimanche, l’Australien a obtenu 83 % des points quand sa première balle de service restait en jeu. C’est beaucoup plus que les 66 % de succès de Korda dans les mêmes circonstances.
Reste à voir si la bonne humeur de Popyrin saura résister aux coups de massue d’Andrey Rublev, son dernier adversaire de la semaine montréalaise.
Jamais Andrey Rublev, cinquième tête de série, n’avait dépassé le troisième tour à l’Omnium Banque Nationale présenté par Rogers. C’était sans compter sur le Rublev nouvelle mouture qui s’est présenté cette semaine au Stade IGA de Montréal.
Plus sûr de lui, maîtrisant sa puissance désarmante et sa précision, il a donné à son rival italien, Matteo Arnaldi, une classe de maître dans le contrôle du jeu. Il a mis 78 minutes pour l’expulser du terrain sur la marque à sens unique de 6-4 et 6-2.
Le vainqueur de 26 ans a réussi 16 points gagnants et commis seulement 10 fautes directes, alors qu’Arnaldi ne parvenait qu’à glaner 10 points gagnants et produisait 13 fautes directes. À l’issue du match, Rublev comptait 60 points contre 45 pour son infortuné rival.
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Avec un vent assez dérangeant, Rublev, plus puissant, a trouvé les cibles qui lui convenaient pendant que l’Italien de 23 ans n’y parvenait pas.
Le vainqueur de 16 titres ATP, dont 2 Masters 1000 (Monaco 2023 et Madrid cette année), voudrait bien désormais ajouter un laurier sur surface dure, ce qu’il n’a jamais fait dans les tournois importants. Qui plus est, il se sent maintenant disposé à se rendre au bout des tournois du Grand Chelem, lui qui a fait les quarts de finale des quatre compétitions sans jamais aller au-delà.
Bon départ et bonne arrivée
En première manche, Rublev a brisé le service d’Arnaldi, ce qui lui a suffi pour se sauver avec l’engagement.
La pluie est venue ensuite interrompre les festivités de Rublev pendant un bon moment.
En revenant au jeu, l’éventuel vainqueur n’avait pas égaré ses outils. Il a dominé encore davantage la deuxième manche, obtenant deux bris face à un adversaire décontenancé. Il a obtenu 4 aces contre 2 et les deux joueurs n’ont commis qu’une seule double faute chacun.
Comme il le fait si bien cette année, Rublev a parfaitement maîtrisé ses jeux au service et n’a concédé qu’une seule balle de bris à l’Italien qui n’en a pas profité. Lui-même s’est vu offrir 3 balles de bris et n’en a raté aucune.
Un lundi inédit pour une finale surprise
L’Omnium Banque Nationale présenté par Rogers ne fait rien comme les autres. Il présentera lundi une finale inusitée à 19 h 30 entre Andrey Rublev, 5e tête de série, et l’Australien Alexei Popyrin, pas encore installé dans la liste sélecte des têtes d’affiche.
Les deux joueurs ont bien mérité leur place pour ce match ultime. En cours de route, Rublev s’est payé le scalp du premier joueur mondial, Jannik Sinner, et ceux, non moins satisfaisants de Matteo Arnaldi, Brandon Nakashima et Tomas Martin Etcheverry.
Popyrin, lui, ne doit rien au hasard. Tour à tour, il a disposé de Tomas Machac, Ben Shelton, Grigor Dimitrov, Hubert Hurkacz et Sebastian Korda. Il a disputé un match de plus que son adversaire, car il ne disposait pas d’une des huit exemptions attribuées aux têtes de série.
Des carrières diverses
La carrière de Rublev est à ce jour plus substantielle. Vainqueur avec son pays des Coupes Davis et ATP en 2021, il a été champion mondial junior et vainqueur de Roland-Garros en 2014.
Son palmarès fait état de 16 titres ATP (9 ATP 250, 5 ATP 500 et 2 Masters 1000) et de 9 finales, dont celles de Monaco, de Shanghai et de Cincinnati. Il a atteint quatre fois les quarts de finale des tournois du Grand Chelem, les quatre à vrai dire.
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Popyrin, lui, a une fiche plus modeste.
L’Australien, qui a eu 25 ans la semaine dernière, a passé sa carrière à s’entraîner en Espagne, ce qui explique la constance de son jeu. Vainqueur du volet junior de Roland-Garros en 2017, il n’a à ce jour remporté que deux tournois ATP, les tournois 250 de Singapour et de Umag. Il occupe le 62e rang mondial (il a déjà été 40e), mais il est déjà assuré d’être 33e cette semaine et même 20e s’il remporte la compétition.
Rublev et lui se sont affrontés deux fois dans leur carrière et ils revendiquent un gain chacun. Rublev a gagné à Vienne en 2023 et Popyrin a empêché Rublev de conserver son titre à Monte-Carlo cette année.
Le double pour tout commencer
À 17 heures, les spécialistes du double envahissent le Court central. Et ce ne sont pas n’importe lesquels.
L’Espagnol Marcel Granollers et l’Argentin Horacio Zeballos, premières têtes de série, retrouvent devant eux l’Américain Rajeev Ram et le Britannique Joe Salisbury, 3es têtes de série du tournoi.
Korda s’offre Zverev en pâture
L’Américain Sebastian Korda s’est qualifié pour les demi-finales de l’Omnium Banque Nationale présenté par Rogers en battant, dimanche après-midi, l’Allemand Alexander Zverev, deuxième tête de série, par la marque étrange de 7-6 (5), 1-6 et 6-4.
Zverev ne doit qu’à lui-même l’échec de sa prestation. Dès la première manche, il a tenté de prouver qu’il était le maître des lieux en se forgeant rapidement une avance de 3 à 0. Ce privilège n’allait pas résister à quelques erreurs fortuites et à des doubles fautes commises aux mauvais moments. Rattrapé par l’Américain, il a été contraint de disputer un jeu décisif qu’il a laissé filer.
En deuxième manche, Zverev est apparu comme un tout nouveau joueur. Il a subitement retrouvé son service et la précision de ses coups de fond. Une manche rapide conclue par 6 à 1 lui laissait soudain les meilleurs espoirs.
Le vent tourne
Malheureusement pour lui, les dés n’étaient pas encore jetés. Non seulement Korda retrouvait-il son aplomb, mais Zverev perdait progressivement le sien. L’Allemand de 27 ans concédait sa donne à Korda à 4-4 et le regardait servir pour le match.
Au tennis, les chiffres ne disent pas tout. Il faut regarder le moment où les joueurs commettent les pires erreurs et quand ils réussissent leurs coups d’éclat.
Zverev n’a perdu que deux fois son service, mais à des moments clés. En première manche, ils l’ont forcé à jouer un bris décisif qu’il a concédé. En manche finale, ils ont procuré les devants 5 à 4 à l’Américain de 24 ans.
Korda, lui, a perdu son service 4 fois, mais ses faiblesses du début du match et de la deuxième manche n’allaient pas peser lourd dans la balance du résultat final. Même les 99 points du vaincu contre 92 pour Korda n’ont pas fait la différence.
Plus que tout, les 11 doubles fautes de Zverev ont sonné faux pour lui.
La rencontre a offert 2 h 19 min d’un spectacle dont le rôle principal a changé d’acteur d’une scène à l’autre.
C’en était trop pour Hurkacz
Après avoir disputé deux longs matchs de trois manches la veille, le Polonais Hubert Hurkacz, 4ê tête de série, n’a pas été en mesure de refaire le miracle dimanche.
Il a finalement baissé l’échine par 3-6, 7-6(5) et 7-5 devant l’Australien de 24 ans, Alexei Popyrin. Cette interminable rencontre, disputée en après-midi sur le Court Rogers, a duré non moins de 2 h 48 min S’il était parvenu la veille à redresser toutes les situations à son avantage, le Polonais n’a pu le faire cette fois. Victime d’une blessure majeure à Wimbledon et opéré au genou le mois dernier, Hurkacz a donné tout ce qu’il a pu, mais l’épuisement l’a rattrapé.
Dans un vent qui tourbillonnait de plus en plus, les joueurs ont concédé un total de 31 balles de bris, chiffre monstrueusement important. Popyrin en a contrecarré 17 sur 20 et Hurkacz 8 sur 11.
Tout compte fait, les 24 aces de Popyrin ont eu raison du Polonais de 27 ans.
Popyrin et Korda s’affronteront dimanche soir pour clore la séance.
Photo en vedette : Patrice Bériault