Un des quatre grands tire sa révérence
Naturellement, il faut évoluer dans la vie et s’ouvrir aux nouveautés. Le tennis ne fait pas exception à la règle. L’arrivée d’une nouvelle génération que l’on peut qualifier de remarquable permet de tourner la page sur les joueurs qui ont fait vibrer les cœurs pendant presque 20 ans.
Membre de ce qu’on a très justement qualifié de « Big Four », Andy Murray a officiellement annoncé qu’il se retirerait de la compétition après le tournoi olympique de Paris. Bien sûr, il avait pris une « première retraite » en 2019, mais la faim l’a ramené à la table du sport, mais avec un succès parfois mitigé.
Lire : Jannik Sinner : le travail mène à l’excellence
Roger Federer, qui aura 42 ans le mois prochain, a été le premier à se retirer du banquet. Rafael Nadal, à 38 ans, continue de se présenter à des tournois et de parfois très bien faire, mais on sait tous qu’il a presque abandonné l’ambition de revenir à son meilleur niveau. Novak Djokovic ne veut rien savoir d’une retraite précoce. À 37 ans, il se bat avec un corps qui vieillit et contre quelques blessures qui le ralentissent. Il voudrait bien cueillir un 25e titre en Grand Chelem, mais le printemps l’oublie doucement. Il ne suffit pas de passer près…
Murray, qui n’a qu’une semaine de plus que Djokovic, ne se sent plus capable d’offrir le spectacle de ses grands jours. L’Écossais aux 46 titres ATP, aux trois victoires en tournois du Grand Chelem, aux deux titres olympiques en simple et à une médaille d’argent aux Jeux en double mixte, a tout donné ce qu’il pouvait, jusqu’à se propulser au premier rang mondial en 2016, un exploit rarissime à l’ère de ses trois principaux rivaux. Il a aussi remporté les Finales de l’ATP et il est le seul joueur à avoir conservé son titre olympique (2012-2016) et sur deux surfaces différentes.
Un véritable Écossais
Murray est né à Glasgow, en Écosse, le 15 mai 1987. Scolarisé à Dunblane, il avait 8 ans lors du massacre de son école primaire qui a coûté la vie à 16 enfants et il était en classe ce jour-là. Jusqu’en 2008, il a prétendu avoir oublié la catastrophe avant de retrouver la mémoire et d’écrire un livre touchant sur le sujet.
Lire : Une nouvelle programmation sensationnelle pour L’OBN 2024 de Montréal
Sir Andy Murray (il a été anobli le 16 mai 2019) a remis la Grande-Bretagne sur le chemin de la gloire. Deux fois titré à Wimbledon (2013 et 2016) et une fois aux Internationaux des États-Unis (2012), il a bien failli ajouter d’autres trophées suprêmes à son brillant palmarès. Pas moins de cinq fois, il s’est incliné en finale des Internationaux d’Australie (2010, 2011, 2013, 2015 et 2016) et, contre toute attente, une fois à Roland-Garros en 2016, sur la terre battue qui n’a jamais été sa surface de rêve. Il a conduit la Grande-Bretagne à la Coupe Davis en 2015 pour la première fois depuis 1936.
Trois titres canadiens
Dans les Masters 1000, il a soulevé 14 trophées, dont trois au Canada en 2009, 2010 et 2015, en plus d’accéder à deux autres demi-finales.
Dans les matchs importants, ce droitier ultrarapide à la contre-attaque inégalée n’avait pas son pareil. Il a vaincu 12 fois les numéros un mondiaux, dont 5 fois Djokovic, 4 fois Federer et 3 fois Nadal alors qu’ils occupaient le sommet de la hiérarchie. Sa compréhension du jeu et de son intelligence tactique resteront longtemps dans nos meilleurs souvenirs.
Malheureusement, les hanches l’ont peu à peu abandonné. À partir de 2017, la douleur devenait insupportable, si bien qu’il a subi de multiples opérations, dont le remplacement presque total d’une hanche qui lui a valu une prothèse métallique. Son courage lui a permis de revenir au jeu et il a encore ébahi plusieurs adversaires, mais jamais plus il ne devait offrir la qualité de jeu de ses belles années.
En dehors des terrains, Murray n’avait pas la langue dans sa poche. Il ne l’a pas encore d’ailleurs. Parrain de nombreuses causes humanitaires, il a toujours défendu les droits des femmes et le tennis féminin avec énergie, sans doute sous l’impulsion de sa mère, capitaine de l’équipe de Grande-Bretagne de la Coupe Billie Jean King.
« Il a pris position de nombreuses fois pour défendre le tennis féminin, a raconté Serena Williams. Nous l’aimons. »
Andy Murray a causé la surprise quand il a embauché Amélie Mauresmo comme entraîneur. Ce n’était pas commun, et ce ne l’est toujours pas, de nommer une femme pour diriger l’un des meilleurs joueurs du monde.
Murray manquera au tennis et sans doute le tennis lui manquera-t-il. Il aura cependant de quoi s’occuper pendant sa retraite avec ses quatre enfants encore tout jeunes.