À moins de six mois du retour des meilleures joueuses de tennis du monde au Stade IGA pour l’Omnium Banque Nationale présenté par Rogers, du 26 juillet au 7 août, nous nous sommes entretenus avec la directrice du tournoi, Valérie Tétréault.
Elle a abordé de nombreux sujets, dont le nouveau calendrier et les tableaux élargis en vigueur en 2025, ses meilleurs moments du début de la saison de la WTA, l’arrivée de deux équipes de sport professionnel féminin à Montréal, de la retraite de Simona Halep, et plus.
*L’entrevue suivante a été révisée uniquement pour des raisons de clarté et de fluidité.
Tennis Canada : Faites-nous part de vos impressions sur les résultats des premiers mois de la saison 2025 de la WTA.
Valérie Tétreault : Je pense que, encore une fois, il y a eu des matchs super intéressants qui démontrent à quel point, dans les dernières années, on est allé chercher une belle profondeur qu’on n’avait pas nécessairement pendant certaines années. Je trouve ça toujours intéressant de regarder les Internationaux d’Australie parce que c’est un tournoi du Grand Chelem qui arrive très tôt dans la nouvelle saison et c’est souvent là que tu commences à comprendre les scénarios à suivre pour le reste de l’année. C’est souvent un tournoi dans lequel il y a plus de surprises aussi. Et en parlant de surprises, s’il y a quelqu’un qui a vu venir le titre de Madison Keys, je lui lève mon chapeau !
Voir quelqu’un qui est là depuis longtemps, qui a eu du succès, mais envers qui on avait plus d’attentes, est une belle histoire. Je pense que c’était presque inespéré pour elle et ça se ressentait dans toutes les émotions qu’elle vivait. Je trouve inspirant de voir une joueuse comme elle qui a continué de travailler fort et qui récolte enfin les fruits de son travail. Elle ne l’a pas volé ; son parcours était vraiment difficile.
Donc, un beau début de saison. On a aussi des repères par rapport aux joueuses qui ont connu du succès dans les dernières années et qui continuent de bien faire, notamment Iga Swiatek, Coco Gauff et Aryna Sabalenka.
Et je dois le dire, je suis impressionnée par le retour de Belinda Bencic de son congé de maternité. Elle est passée un peu sous le radar en Australie malgré le fait qu’elle jouait très bien.
T. C. : En ce qui concerne le nouveau format redéfini de l’OBN 2025, qu’attendez-vous avec le plus d’impatience ?
V. T. : Je trouve que c’est un beau vote de confiance que le tournoi, mais aussi le public, a reçu. Parce qu’on s’entend que, pour une bonne partie, la réputation du tournoi vient du soutien du public. On a eu des foules record pour un tournoi d’une semaine et j’ai toujours envié les tournois d’Indian Wells et de Miami quand je les regardais et qu’il y avait un format plus long.
LIRE : Le guide pratique pour une expérience redéfinie à l’OBN 2025
Sur deux semaines, il y a encore plus d’histoires qui se génèrent, plus d’histoires à suivre, plus de matchs enlevants à regarder. Je trouve qu’on accède à une catégorie de tournois encore plus select. Maintenant, il va falloir jouer dans la ligue des grands et se comparer à des tournois comme Indian Wells et je pense que ça représente un beau défi pour passer aux prochaines étapes.
T. C. : Pouvez-vous nous parler de l’arrivée de la Victoire (hockey féminin) et des Roses (soccer féminin) à Montréal et de leur effet positif sur le retour de la WTA à l’ONB cet été ?
V. T. : On pourrait le voir comme une menace, parce qu’on se bat tous pour attirer l’attention ou obtenir une certaine couverture médiatique, on se bat tous pour aller chercher des gens qui vont acheter des billets pour venir voir les matchs, mais au final, je ne le vois pas comme ça du tout. C’est le début d’un mouvement. Le tennis a toujours eu le rôle de pionnier, si on veut, dans le monde du sport féminin en général et là, ça fait du bien de voir qu’il y a de belles victoires, de belles avancées pour d’autres sports, je pense que le besoin était là.
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J’ai toujours dit que, pour que le sport féminin puisse avoir la place qu’il mérite, ça prend un effort collectif. C’est la responsabilité de chacun si on veut que le sport féminin puisse obtenir du succès. Et en même temps, j’ai l’impression, pour être bien honnête, que ça va forcer la WTA à se questionner un peu sur son positionnement et à vouloir être un peu plus vocale pour célébrer les victoires du passé, le statut actuel du tennis. Ça aussi, c’est positif, parce qu’on n’a jamais arrêté de dire qu’il faut continuer d’avancer. Je pense que tout ce qui se passe fait en sorte que les choses s’accélèrent dans le but ultime d’égalité.
T. C. : Emmenez-nous dans les coulisses du comité organisateur, sur quoi travaillez-vous en ce moment pour préparer le tournoi ? Y a-t-il quelque chose d'amusant que vous puissiez nous raconter ?
V. T. : On a de gros défis à relever. Ça fait quelques années qu’on prépare cette transition, mais là, c’est maintenant ! Il y a toute une logistique opérationnelle à bien réfléchir pour s’assurer, par exemple, qu’on a le bon nombre de bénévoles. Un exemple parmi tant d’autres.
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Mais après ça, côté stratégie, il y a beaucoup de choses à développer. On a beaucoup plus de séances, donc ça vient avec le défi d’aller chercher de nouveaux clients, des gens qui ne sont peut-être jamais venus au tournoi. Donc, comment on fait pour les attirer et leur donner envie de vivre l’expérience de l’Omnium Banque Nationale ?
On veut marquer le coup. On veut que les gens, lorsqu’ils viennent à l’OBN cet été, ressentent qu’on a fait cette transition et qu’on est ailleurs. Nous aimons dire qu’on veut redéfinir l’expérience du tournoi et ça demande un gros travail. Par exemple, le nouveau format nous donne un deuxième week-end. On travaille sur l’offre que l’on veut proposer pour ce week-end. On aimerait encore qu’il y ait une certaine gratuité pour l’accès au site pour qu’un plus grand nombre de personnes possible puisse en profiter. On travaille avec de nouveaux traiteurs parce qu’on veut une offre alimentaire qui est vraiment à l’image de Montréal. Tout Montréalais qui se respecte aime bien manger !
T. C. : Pouvez-vous nous parler des succès remportés en début de saison par les jeunes Canadiennes (dont Carson Branstine, Kayla Cross, Victoria Mboko et Marina Stakusic) chez les pros et de la perspective de les voir jouer à Montréal cette année ?
V. T. : Je me souviens quand ce groupe-là était ici, au Centre national. On trouvait à l’époque qu’on avait un super groupe de six jeunes filles qui s’illustraient sur le circuit junior. C’est plaisant de voir que leur transition chez les professionnelles se déroule bien. Ça faisait toujours partie de la mission et du défi. Quand on a commencé à connaitre du succès, il fallait s’assurer que ce n’était pas une exception et que ce soit un cycle qui continue de tourner.
Je trouve que le nouveau format du tournoi offre plus de possibilités à nos joueuses de disputer des matchs de haut niveau, ce qui leur permettra d’évaluer où elles en sont dans leur développement.
On passe à huit laissez-passer cette année, ce qui donne à la plupart de ses jeunes joueuses une chance de peut-être participer au tableau principal d’un tournoi de catégorie 1000 de la WTA. C’est une expérience d’une valeur inestimable.
T. C. : Simona Halep a récemment annoncé sa retraite. Elle est une triple championne de l’OBN et a conquis deux de ses titres à Montréal. Qu'est-ce que vous retiendrez le plus d'elle et quel genre d'héritage a-t-elle laissé au tournoi ?
V. T. : J’ai été marqué par son éthique de travail, elle ne tournait jamais les coins ronds. Elle était très exigeante envers elle-même, peut-être parfois un peu trop ! C’était une joueuse qui était très charismatique et, quand Simona Halep était au sommet de sa forme, j’aimais beaucoup la regarder jouer. Sa ténacité sur le terrain, son style de jeu. Je pense que je m’identifiai un peu à elle étant donné qu’elle n’avait pas un gros gabarit. Je pense aussi qu’elle est devenue un modèle pour plusieurs joueuses. Un peu comme Justine Henin il y a plusieurs années. On retrouvait ça en Simona.
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Ce qui était remarquable, et on l’a vécu ici à Montréal, c’est à quel point on avait l’impression qu’elle jouait à la maison, peu importe l’endroit où se déroulait le tournoi. Un match de Simona, ça garantissait de l’ambiance sur ton Court central.
Quand on avait des demandes spéciales, surtout pour la promotion du développement du tennis auprès des jeunes, cela la touchait beaucoup. Elle comprenait bien le rôle qu’elle avait comme ambassadrice et elle était toujours accessible.
Ne manquez pas notre prochaine rencontre avec Valérie au printemps ! Et pour ne pas rater la chance d’assister au prochain chapitre de l’Omnium Banque Nationale, procurez-vous vos billets dès maintenant.