Alors que les matchs de la première journée du tableau principal de l’Omnium Banque Nationale présenté par Rogers étaient retardés par la pluie à Toronto, les détenteurs de billets Premium ont pu assister à un panel sur l’importance d’aborder les problèmes de santé mentale dans le tennis professionnel.
Animée par Sharon Fichman, ancienne joueuse canadienne et maintenant commentatrice à Sportsnet, la conversation d’une demi-heure comprenait les points de vue de Naomi Osaka, quadruple championne en tournois du Grand Chelem et ancienne numéro un mondiale, d’Eugénie Bouchard, finaliste à Wimbledon en 2014, du joueur de tennis paralympique Joel Dembe, de Marie-Josée Bellemare, directrice du mieux-être de Tennis Canada, et de la Dre Randi Jackson, un des fournisseurs de soins de santé mentale de la WTA.
Le tennis, l’un des sports individuels les plus populaires du monde, est réputé pour exiger une coordination oculomanuelle et des qualités athlétiques exceptionnelles, ainsi qu’une acuité mentale et une résistance à toute épreuve. Cependant, les athlètes ont toujours été réticents à s’exprimer sur les conséquences psychologiques des compétitions qui se déroulent 11 mois par an et des déplacements qui ont lieu chaque semaine. Cette culture du silence a commencé à changer au cours de la dernière décennie, et de plus en plus d’athlètes de tous les sports parlent de leurs défis en matière de santé mentale.
« Quand je suis arrivée sur le circuit à l’âge de 19 ans, c’était un sujet tabou, a mentionné Bouchard. On ne pouvait même pas admettre que l’on consultait un psychologue. Aujourd’hui, avoir un psychologue dans son équipe est la norme. Ce revirement dans le discours est formidable, car on peut maintenant en parler librement. »
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Ce changement est en partie dû au fait que les athlètes reconnaissent la valeur et la présence de ressources conçues spécifiquement pour les aider à atteindre — et à maintenir — un niveau de performance optimal. Dembe, l’un des meilleurs joueurs canadiens de tennis en fauteuil roulant de tous les temps, a admis qu’au départ, il ne pensait pas que la santé mentale était un problème qu’il devait aborder au cours de sa carrière, essentiellement parce qu’une grande partie de sa vie avait été consacrée à surmonter ses limitations physiques.
« Mais dès que j’ai commencé à consulter un psychologue sportif, j’ai réalisé qu’il y avait beaucoup de choses que je ne savais pas. Et j’aurais aimé commencer une thérapeute plus tôt dans ma carrière. Je pense que j’aurais été préparé beaucoup plus tôt à la réussite. J’aurais appris à respirer un peu plus, j’aurais appris à ne pas m’en faire pour des riens.
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« J’ai également dû gérer un mauvais caractère. Pour les athlètes, n’importe quels problèmes trouvent parfois le moyen de se retrouver sur le court. Si j’avais pu parler ouvertement à quelqu’un beaucoup plus tôt dans ma carrière, j’aurais assurément pu gérer mes problèmes de santé mentale plus tôt. »
Osaka, qui s’est éloignée du sport pour faire face à ses propres problèmes de santé mentale et qui est devenue par la suite une fervente militante de la cause, a souligné que chacun aborde ces questions différemment. Pour sa part, elle dit aimer méditer et écouter l’eau de pluie, et qu’elle trouve toujours de nouveaux moyens de se détendre.
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Osaka a indiqué qu’elle aimait « avoir une ambiance familiale » autour d’elle, en particulier lorsqu’elle s’entraîne et participe à des compétitions. « Les gens disent toujours que [les joueurs de tennis] jouent seuls, qu’ils sont individuels, qu’ils ne font pas partie d’une équipe. Mais pour moi, ce n’est pas vrai parce que je voyage partout avec mon équipe. C’est génial parce qu’on voyage ensemble, on apprend à se connaître, on s’amuse ensemble. J’aime être entourée de gens dans une ambiance joyeuse. Je dirais donc qu’ils jouent un très grand rôle [dans le maintien de ma santé mentale]. »
Tennis Canada a pris l’initiative de répondre aux préoccupations concernant la partie invisible du sport. La réponse des athlètes, des parents, des entraîneurs et du personnel de Tennis Canada « a été très positive jusqu’à présent », a mentionné Mme Bellemare, mais « nous savons que notre stratégie en matière de santé mentale n’est pas une solution miracle. Nous savons qu’il s’agit d’un long cheminement. »
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Cette semaine, les joueuses de l’Omnium Banque Nationale ont accès à une foule d’outils, dont un passeport de bien-être qui contient toutes les ressources auxquelles elles peuvent avoir accès au stade et une zone de relaxation qui leur est dédiée. Les amateurs peuvent également signer la Promesse d’une expérience de tennis positive et rédiger des cartes postales de soutien à leurs joueuses préférées qui recevront les messages en main propre tout au long de la semaine.
La WTA s’investit depuis longtemps dans le bien-être de ses athlètes. La Dre Jackson a plaisanté sur le fait que l’association essaie de prendre soin d’elles « des orteils à la tête ». Le personnel itinérant comprend désormais cinq prestataires de soins de santé mentale, qui sont présents à tous les tournois à partir du niveau WTA 250 (y compris aux Jeux olympiques de cette année) et qui commencent à œuvrer aussi dans les tournois de catégorie 250.
Le circuit veut améliorer l’accès aux ressources en matière de santé mentale, tout en tenant compte des différences culturelles et linguistiques, et trouver des moyens proactifs de prévenir ces problèmes.
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« Nous sommes généralement placés à proximité de l’endroit où elles vont pour leur thérapie physique et leur rééducation, de sorte qu’elles savent exactement où nous trouver, a ajouté la Dre Jackson. Nous offrons nos services gratuitement aux athlètes. L’accès à nos soins de santé est très important. Elles peuvent également utiliser nos services de télésanté, de sorte que si elles rencontrent l’un d’entre nous sur le site d’un tournoi, nous pouvons assurer la continuité des soins. Elles peuvent accéder à nos services où qu’elles soient dans le monde. »
Mais malgré tous les problèmes auxquels elles peuvent être confrontées en dehors du terrain, les joueuses savent qu’elles ont un accès privilégié à de l’aide et qu’elles disposent d’une tribune pour aider les autres à faire de même.
« Je suis également d’accord sur le fait que sur le moment, nous ressentons beaucoup de pression – c’est dur physiquement à l’entraînement et c’est stressant en situation de match. Mais quand je regarde en arrière [ma carrière], je me dis que c’était les plus belles années de ma vie, a admis Bouchard. Je sais que j’en ai profité et je ne le regrette pas, mais s’il y avait un moyen de le savourer encore plus, j’aimerais pouvoir le faire, car c’est une expérience tellement unique. Je suis très reconnaissante, plus que tout, parce que j’ai eu la chance de vivre quelque chose de très spécial. »
Les meilleures joueuses de la WTA seront de retour à Toronto cet été pour l’édition 2024 de l’Omnium Banque Nationale du 4 au 12 août, au Sobeys Stadium. Les billets sont déjà en vente. Achetez les vôtres dès aujourd’hui !
Photo vedette : Tyler Anderson