Depuis l’automne dernier, le tournoi de tennis international de Montréal est dirigé par une femme. Pour la première fois d’ailleurs.
Valérie Tétreault, ex-joueuse de la WTA, puis ex-directrice des communications à Tennis Canada (TC) a succédé au légendaire Eugène Lapierre. Et, comme vous le devinez, sa vie a changé.
Déjà fort rempli, son calendrier est devenu un peu plus compliqué. Sa vie aussi, forcément.
Le 13 juillet dernier, Valérie donnait une première conférence de presse depuis qu’elle s’est installée aux commandes du navire. Et comme cette importante convocation médiatique se déroulait à moins d’un mois du tournoi, cette journée en était une… costaude.
Planification, révision, accueil, allocution, entrevues, entrevues, entrevues, rencontres, appels, entrevues, encore des entrevues, rencontre, réunion. Ouf !
Le moment était donc parfaitement choisi pour suivre la directrice pas à pas pour avoir une idée de ce qu’était… une journée dans la (nouvelle) vie de Valérie.
9 h 38
Après être passée à son bureau du Stade IGA, Valérie se rend deux rues plus loin, dans l’édifice Fabrik8 réservé pour la tenue de la conférence de presse, et, fidèle à son habitude dans de telles circonstances, pense à apporter le café à ses collaborateurs.
C’est à ce moment, d’ailleurs, qu’elle prend le temps de faire le point avant que ne commence son allocution, 90 minutes plus tard.
Au fait… pourquoi une première conférence de presse après neuf mois en poste ?
« Je suis en fonction depuis le 6 octobre, date de l’annonce de ma nomination, mais il fallait faire la longue passation des dossiers avec Eugène qui a été très patient et très efficace. Même si je vole de mes propres ailes depuis un bout de temps, il est toujours au bout du fil ou près de sa boîte de messagerie pour m’aider au besoin et ça, c’est toujours rassurant. »
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Après seulement quelques jours en poste, elle devait participer à une série de journées de réunion pour faire le bilan de l’édition 2022 et la préparation de celle de 2023. Qui plus est, Valérie a continué d’assurer la direction des communications en attendant de trouver la personne qui allait lui succéder.
Au fil des mois suivants, soit par vidéoconférences ou voyages à Monte-Carlo (ATP) et Strasbourg (WTA) où elle a participé à de nombreuses réunions en plus de consolider liens et relations avec les directions des deux circuits. Sans oublier la direction hebdomadaire des multiples comités du tournoi et les relations avec les médias qui, lors de chaque annonce, requièrent sa présence pour commenter de grandes nouvelles, comme celle de l’augmentation des bourses au tennis féminin, le 22 juin dernier.
« À cette étape-ci, il y a un stress, mais il y a encore plus d’excitation, c’est certain. Cela étant dit, nous devons aussi préparer et planifier parallèlement les deux années suivantes. D’abord, 2024 sera une année olympique et notre tournoi aura lieu durant la deuxième semaine des Jeux de Paris. Nous aurons la permission de l’ATP d’amorcer le tableau principal le mardi et disputer la finale le lundi suivant, cela afin de permettre aux joueurs de traverser l’océan et, ne l’oublions pas, de faire une transition ultrarapide de la terre battue de Roland-Garros à la surface rapide du Stade IGA. Et, bien sûr, en 2025, nous rejoindrons les autres Masters 1000 qui se disputent sur un calendrier de 12 jours. De 15 séances actuellement, nous passerons à 25 séances offertes au public. »
10 h 00
Par la suite, l’équipe en place révise les derniers détails techniques et organisationnels de l’événement. Valérie est accompagnée du gestionnaire, communications corporatives de TC, Marc-Antoine Farly. Personne ne voudrait qu’un simple oubli ou un dysfonctionnement des dispositifs viennent gâcher cette journée importante.
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Avec son expérience de plusieurs années à la télévision ou encore comme hôte des conférences de presse de son prédécesseur, Eugène Lapierre, Valérie connaît la routine et prend le temps de « s’approprier » le lieu, en quelque sorte, pour éviter le choc d’une arrivée sur scène en découvrant tout ce monde qui la dévisage en cette journée importante. Une pro.
Le début de la conférence de presse est fixé à 11 h 20
11 h 05
Plus qu’un quart d’heure avant qu’elle ne s’adresse aux représentants des médias et aux nombreux invités conviés à ces annonces. Pendant que tout le monde prend place dans l’enceinte, un verre de mousseux à la main, Valérie reste un peu à l’écart et reçoit de Marc-Antoine les récentes confirmations ou les changements de dernières minutes à être apportés.
Toujours soucieuse du moindre détail, elle s’assure auprès du photographe officiel de TC, Pascal Ratthé, que chaque cliché puisse subtilement couvrir les différentes affiches, petites ou grandes, des partenaires commerciaux de l’organisation, sans oublier les personnalités invitées.
11 h 15
Quelques instants avant son entrée sur scène, Valérie révise une dernière fois en coulisses ses nombreuses pages de notes (écrites à la main… comme elle l’a toujours fait quand je la côtoyais sur les plateaux de télévision pour la description de matchs de la WTA).
11 h 20
Puis, vient le signal du départ. Même si Valérie a été la présentatrice de son prédécesseur, lors de nombreuses conférences de presse, ce moment est différent. On imagine la nervosité au moment d’entendre son nom.
11 h 30
Tout au long de son allocution, de plus en plus à l’aise, l’ancienne joueuse de la WTA saupoudre les informations de quelques mots d’humour qui déclenchent les rires dans l’assistance, déjà conquise par la nouvelle directrice.
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C’est en parlant de la numéro un mondiale, la Polonaise Iga Swiatek, qu’elle a particulièrement fait rire les convives. « Iga est un phénomène. En 2022, entre la mi-février et le début de juillet, elle a disputé 35 matchs et n’en a pas perdu un seul. Moi, à l’époque, j’avais eu un bilan semblable… pas une seule défaite entre février et juillet. Mais c’est parce que je n’avais pas joué un seul match ! »
11 h 50
Dès la fin de sa prestation et après les photos officielles de Valérie en compagnie des représentants des commanditaires principaux, c’est l’habituelle mêlée de presse alors que se pressent les délégués des médias. Même si ses propos ont été enregistrés dans leur globalité, elle répondra aux questions de circonstances, entourée de lentilles, de microphones et de réflecteurs.
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Quelques minutes plus tard, pendant que les convives s’attaquent aux victuailles offertes par l’organisation, la directrice continue de se prêter aux entrevues individuelles avec les… mêmes journalistes que lors de la mêlée précédente. Oui, voilà qui peut sembler répétitif, mais ces reporters ont souvent des questions précises et exclusives pour se démarquer de leurs compétiteurs.
Comme on dit, ça fait partie du contrat.
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13 h 30
Après avoir avalé quelques bouchées en compagnie de membres de son équipe, Valérie est vite de retour dans son bureau du Stade pour sa correspondance et afin de faire le point sur le contenu de quelques autres rencontres dans l’après-midi et en début de soirée.
Entretemps, elle a rappelé de nombreuses personnes, dont quelqu’un de la direction de la WTA pour discuter d’un futur programme dont les détails seront dévoilés ultérieurement.
Tous les chemins empruntés par Valérie, de joueuse à responsable des communications — en passant par l’expérience de la caméra — l’ont préparée parfaitement pour cette étape majeure de sa carrière. Elle comprend parfaitement les réalités des athlètes, des médias et des dirigeants de tournoi. « Comme lorsqu’on évolue sur le terrain, j’essaie de toujours bien cibler mes faiblesses, en vue d’en améliorer les aspects, et de miser sur mes forces et de bien les utiliser », mentionne la directrice qui n’a jamais oublié la devise des athlètes. « Mais il est certain que mon passage aux “comm” m’a parfaitement préparée. Il y a bien un 40 % de nouveauté, toutefois, dans ces nouvelles responsabilités. Il y a la dynamique avec les joueuses et leurs agents, sans oublier les relations avec les directions de la WTA et de l’ATP. Eugène avait toujours été transparent avec moi, et c’est l’une de ses nombreuses qualités, mais il ne pouvait tout partager à l’époque. Là, j’apprends à la vitesse Grand V. »
17 h 00
Valérie se rend dans le bureau de Julie Gravel pour une mise à jour de la situation budgétaire dans le département du marketing.
18 h 00
Le temps de compléter cette rencontre qu’une autre s’amorce, plus importante, celle-là. Car tous les responsables de différents comités du tournoi sont réunis avec la directrice pour faire le point à trois semaines du début de l’événement.
En dirigeant ces réunions, Valérie n’est pas dépaysée puisqu’elle côtoie la plupart de ces gens depuis des années. Elle les apprécie… et c’est réciproque.
« Cet aspect du nouveau boulot est probablement celui qui m’a le plus touché lors de ma nomination : le soutien des employés », déclare-t-elle avec un sourire ému.
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« L’équipe qui est en place est un beau mélange de gens qui sont là depuis longtemps et avec qui j’ai vécu de beaux moments ainsi que de nouvelles personnes embauchées après le difficile passage de la pandémie qui nous avait obligés à couper du personnel. Ces ajouts permettent l’injection de nouvelles idées et de nouveaux points de vue. Je comprends tellement Eugène lorsqu’il mentionnait sans arrêt à quel point il s’agit d’un travail d’équipe. »
« Je sais que je serai souvent seule devant des assemblées, mais ce sera grâce à tout le travail de ces gens en amont que je pourrai bien paraître en plus de me permettre de bien dormir, le soir. »
20 h 00
Et puisque Valérie Tétreault a abordé la question, parlons-en du « soir » et de sa vie personnelle — ou ce qu’il en reste — car c’est clair que l’ampleur de son travail a impacté la vie de famille.
« Je dirais que c’est la partie la plus difficile », avoue-t-elle en toute franchise. « Surtout dans une première année où je dois essayer de ne pas perdre le fil, de tisser des liens et de tout comprendre, j’ai souvent l’impression que je dois dire oui à tout. Mais il faut se raisonner et je dois surtout voir ma fille grandir. Elle n’a pas encore trois ans. Quand je suis partie quelques jours en Europe, ça a été difficile. Pour les deux. Ça fait donc partie de mon apprentissage, car je dois bien gérer mes priorités. »
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Et comme dans tous les couples, heureusement, il y a les grands-parents. « Un proverbe africain dit : “Il faut tout un village pour élever un enfant”… alors cette maxime se vérifie régulièrement avec notre entourage parental. Nous sommes très bien soutenues. »
Et comme pour faciliter, ou compliquer les choses, c’est selon, il faut savoir que Julie, la conjointe de Valérie travaille au même endroit qu’elle. Si cette situation a de bons côtés… « Ce qui est merveilleux, c’est qu’on partage la même passion » il y a aussi des enjeux familiaux. « Ça fait aussi, qu’on ne décroche jamais. Lorsqu’il y a des problèmes qui n’ont pas été réglés pendant la journée, on les règle à l’heure du souper. Vous comprenez donc que dans les dernières semaines précédant le tournoi et, SURTOUT, les 10 jours du tournoi, nous travaillons encore plus d’heures. Pendant le tournoi, nous sommes souvent sur le site de 8 h 00 à 2 h 00, le matin suivant… Et ainsi de suite, pendant une semaine. Heureusement, les grands-parents sont là pour nous rassurer. Et comme nous habitons tout près du bureau, nous pouvons nous échapper quelques minutes pour aller voir notre fille à certains intervalles réguliers. »
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Ce reportage visait à faire comprendre ce que peut représenter une journée de travail dans la vie d’une personne à la tête d’un groupe et d’un événement international d’importance.
Imaginez une année.
Boulot, carrière, pression, passion, avancement, vie sociale et vie de famille, temps libres.
Autant de balles avec lesquelles Valérie Tétreault jongle maintenant. Comme vous… et comme des millions d’autres Canadiens dans leurs contextes personnels.
Souhaitons-lui tout le succès possible.
Et un beau tournoi !
Les meilleurs joueurs de la WTA seront de retour à Montréal cet été pour l’Omnium Banque Nationale qui se déroulera du 4 au 13 août au Stade IGA. Procurez-vous vos billets dès aujourd’hui !